Avec quatre descentes sans chance de repêchage (la Ligue 1 era à 18 clubs l'année prochaine), il n'y aura aucun cadeau cette saison. Du 20ème au 17ème, toutes les places seront synonymes de relégation. Comparé aux deux seules descentes directes des saisons précédentes, cela fait beaucoup. Et donc, bien plus d'équipes semblent aujourd'hui, et le resteront toute la saison, en danger. Forcément, quand une équipe va mal, c'est son entraîneur qui en paye généralement les pots cassés. Et après huit journées, ils sont déjà plusieurs à être sur un siège éjectable. Petit tour d'horizon.
Ils sont neuf. Neuf à être (ou avoir été) tout proche d'être menacés. Et comme cela va très vite dans un sens comme dans l'autre, même une bonne série n'enlève pas nécessairement l'épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Cela fait donc presque un entraîneur sur deux. La Ligue 1 version 2022-2023 est intransigeante. De Lucien Favre à Olivier Pantaloni en ant par Jean-Marc Furlan ou Julien Stéphan, petit tour d'horizon des coachs sur la sellette.
Lucien Favre, le plus en danger
Son début de saison : Mauvais. En tout cas, pas à la hauteur des attentes des dirigeants Ineos et de Jean-Pierre Rivère. Avec seulement deux victoires et huit petits points en huit journées, le haut du tableau est déjà loin. Lorient, 3ème compte déjà 11pts d'avance ! Sur le plan Européen, la qualification in-extremis en Ligue Europa Conférence et les deux matchs bien ternes en face de poule n'ont rien arrangé. Le mercato tardif n'a pas permis à Lucien Favre de mettre en place ses idées, et le board, pressé, souhaite déjà er à autre chose selon toute vraisemblance.
Ce que le club en dit : Rien, et c'est bien là que le bât blesse. Si les mouvements s'activent en coulisses, personne que ce soit chez Brailsford ou Rivère n'a pour l'heure pris la parole. Les jours de Lucien Favre (qui a tout de même dirigé la séance d'entraînement hier) semble comptés du côté de la Côte d'Azur.
Ses chances d'éviction : 95%. A très court ou court terme, l'ancien coach de Dortmund sera remplacé, c'est pratiquement acté.
Peter Bosz, le crédit épuisé
Son début de saison : Lui du temps, il en a pourtant eu. Arrivé la saison dernière, Peter Bosz semble toujours avoir du mal à mettre en place ses idées. Et l'OL patine. Pourtant bien lancé en début de championnat (4 victoires et un match nul pour débuter), les Rhodaniens ont depuis enchaîné trois défaites quand le calendrier s'est durci. De quoi déjà, mettre à mal son entraîneur.
Ce que le club en dit : Jean-Michel Aulas, pourtant loin d'être le plus patient des présidents, semble vouloir laisser encore un petit peu de temps à Bosz, qui est tout de même arrivé la saison dernière. « On ne va pas tout remettre en cause après trois défaites successives même si c'est inable de perdre. Mais est-ce qu'on ne prend pas un risque supplémentaire en changeant d'entraîneur alors que c'est la huitième journée, qu'on a 13 points en étant sixième ? Ce n'est pas raisonnable mais dire qu'on n'y a pas pensé, non. Mais la réponse à la question, c'est qu'on met le coach et tout le staff dans les meilleures conditions pour réussir. Et si on est 8e en fin de saison, j'aurais démissionné avant. »
On ne comprend pas forcément dans quelle direction va l'OL, mais en tout cas, l'entraîneur Néerlandais dispose une nouvelle fois d'une dernière chance.
Ses chances d'éviction : 70%. JMA lui aurait laissé jusqu'à la 15ème journée de Ligue 1. Soit encore sept matchs. Mais Bosz va devoir er la seconde, car avec déjà six points de retard sur le podium et sept sur l'OM deuxième, son crédit s'épuise de jour en jour.
Der Zakarian, ça chauffe
Son début de saison : Tout avait pourtant si bien débuté pour le Stade Brestois. Malgré la défaite inaugurale à Lens, les Finistériens avaient ensuite accroché l'OM avant de s'imposer avec la manière à Angers. Et depuis… plus rien. Un petit nul contre Strasbourg mais surtout quatre défaites pour un seul but marqué. La gifle reçue à la maison contre Montpellier (7-0!) a été un vrai tournant dans les têtes. Et force est de constater que Der Zakarian ne retrouve pas la recette.
Ce que le club en dit : “On a été plus moche qu’eux, on n’a rien entrepris, il n’y avait qu’un joueur qui prenait la profondeur, c’était Franck Honorat. Il y avait un manque de courses, un manque de justesse technique. On n’a jamais été judicieux dans nos choix. On était à deux à l’heure, l’ACA avait le temps de coulisser, tranquille. On a deux occasions, c’est très pauvre. On est une équipe malade depuis la claque qu’on a pris contre Montpellier. C’est inquiétant, et si on n’est pas inquiet aujourd’hui, il faut rester à la maison”. Voici les mots du coach lui-même. Conscient qu'il est sur la sellette, il ne s'est pas caché et se sait en danger.
Ses chances d'éviction : 60% . Le prochain match, contre l'AJ Auxerre, aussi en difficulté, pourrait être un tournant. Car avec quatre descentes, voir un concurrent direct s'échapper pourrait être rédhibitoire.
Jean-Marc Furlan, la fin de l'été indien
Son début de saison : Il commence à y avoir le feu du côté d'Auxerre également. Quatre défaites de rang et surtout, des buts encaissés à la pelle. Avec déjà 19 pions dans la musette, l'AJA est la pire défense de Ligue 1. A l'heure actuelle, le club Bourguignon est 16ème, soit premier non relégable. Mais il faudra vite inverser la tendance, sous peine de voir le coach évincé, pour créer le fameux électrochoc.
Ce que le club en dit : « Jean-Marc est un très bon entraîneur et a conduit l’AJA en première division cette année. J’ai apprécié travailler avec lui ces dernières années. Il lui reste encore un an de contrat et il a encore des missions à l’AJA. Bien sûr, de son point de vue, il voudra prolonger son contrat et j’en discuterai avec lui et mes staffs. Mais je crois que Jean-Marc a le projet d’être l’entraîneur en Ligue 1 […}. Le deuxième objectif dans les trois à cinq ans : faire revenir l'AJA en Europe. C'est mon objectif clairement défini, même si je sais que ça ne sera pas simple, et plus dur que remonter”. Ces déclarations datent du début de saison, et évidemment, la donne est différente aujourd'hui. Les propriétaires Chinois ne veulent pas s'embourber dans une redescente qui pourrait faire tomber le projet, et s'il le faut, Furlan sera mis sur la touche.
Ses chances d'éviction : 50%. Il a malgré tout, les clés du camion en mains. Ses dirigeants lui font confiance, et, plus que les résultats, c'est dans le jeu que l'AJA doit se reprendre. Le début de saison des Icaunais semblait intéressant. A lui de retrouver ce fil conducteur.
Olivier Pantaloni, la victoire de l'espoir
Son début de saison : Pas loin d'être catastrophique. Avec un point en sept matchs, le coach Corse jouait clairement son avenir à Brest avant la trêve internationale. Et la victoire 1-0 des siens en Bretagne lui laisse un sursis. Sans quoi, il aurait sans doute été démis de ses fonctions.
Ce que le club en dit : On s'attendait à un début de saison compliqué et on l'a vécu. Il y avait nécessité de gagner un premier match rapidement et on a réussi à le faire. Que ce soit au niveau des dirigeants ou de l'ensemble du club, on savait que la saison allait être difficile”. Avis partagé par toute la direction qui espère maintenant poursuivre dans ce sens.
Ses chances d'éviction : 35%. Olivier Pantaloni ne s'est offert qu'un peu de répit. Et le calendrier jusqu'à la Coupe du Monde les verra affronter six matchs sur huit des équipes classées au-delà de la 10ème, donc des concurrents directs. Et où il faudra donc prendre des points.
Stéphan, le néant
Son début de saison : Raté, tout simplement. Avec aucune victoire et seulement cinq petits points en huit journées, on s'attendait évidemment mieux de la part d'une équipe qui a terminé septième l'an é et qui a lutté jusqu'à l'ultime journée pour une place en coupe d'Europe. Mais Stéphan ne retrouve pas la recette et Strasbourg patine.
Ce que le club en dit : Mais pour l'heure Marc Keller lui maintien sa confiance. C'est ce que semble affirmer Stéphan lui-même : “On est engagé dans un processus long et difficile. Cela prendra des semaines voire des mois pour remonter. Il faut s'y préparer”. Le RCA le sait, il est toujours compliqué de confirmer pour un petit club.
Ses chances d'éviction : 35%. Malgré tout, il faudra éviter de tergiverser et se retrouver dans un bourbier avant la coupure du mondial cet hiver. Car sinon, un électrochoc sera nécessaire…
Baticle et la série miracle
Son début de saison : Catastrophique et puis… l'étincelle. Après deux résultats nuls pour commencer, Anger à ensuite explosé : quatre défaites consécutives, des fessées (5-0 contre Lyon, 4-2 contre Reims pourtant à 10, 3-1 à domicile contre Brest). Et comme par miracle, deux victoires face à Montpellier et Nice juste avant la trêve internationale, pour sortir de la zone rouge. Baticle s'offre un sursis inespéré. Il y a quinze jours, c'était bien lui l'entraîneur le plus en danger.
Ce que le club en dit : “Il y a encore du chemin”. Inutile d'en dire plus. Angers sait que sans l'expulsion de Todibo au bout de 9 secondes dimanche, le match aurait pu être totalement différent. Et avec l'OM qui arrive et un calendrier chargé (Lens, Rennes, Monaco) rien n'est gagné.
Ses chances d'éviction : 30%. Avec deux petits points d'avance sur la zone rouge, le SCO s'est donné un petit peu d'air. Mais dans le jeu, les lacunes sont toujours criantes. Il faudra faire plus, car derrière, Reims, Nantes et même Auxerre semblent donner plus de garanties sur le long terme.
Oscar Garcia voit rouge
Son début de saison : Loupé, évidemment. Avec une petite victoire et six points en huit match, le Stade de Reims est premier relégable à l'heure actuelle. Mais il faut souligner que Reims a été l'une des principales victimes de l'avalanche de cartons rouges distribués en Ligue 1 cette saison. Cinq fois sur huit, les Champenois ont terminé la rencontre en infériorité numérique. Dont la dernière, à Monaco, avec le rouge scandaleux (qui a d'ailleurs été retiré) distribué à Bradley Locko. Malgré tout, Reims n'avance pas et il faudra très vite y remédier.
Ce que le club en dit : « C’est erreur sur erreur, toujours des mauvaises décisions, il y en a marre ! Je sais qu’il faut que les petits clubs descendent cette année, mais il faudrait que monsieur (Pascal) Garibian explique aux arbitres que l’arbitrage doit être le même partout, pour tout le monde. Je suis convaincu que si c’est le Paris SG ou Lyon, il y a pénalty. Ça commence à bien faire, je ne leur fais pas de procès d’intention, mais au moins que l’arbitrage soit le même partout. Il y en a marre de l’arbitrage français ! ». Pour l'instant, on semble plus occupé à taper sur les arbitres que sur le coach du coté de Reims. A tort ou à raison, toujours est-il qu'à l'heure actuelle, Oscar Garcia, 12ème la saison dernière, dispose d'encore un peu de crédit.
Ses chances d'éviction : 30%. Ses dirigeants semblent lui accorder encore leur confiance, au moins en partie. En revanche, il faudra revenir de Troyes, lors de la prochaine journée, avec des points, sous peine de voir l'avenir s'assombrir.
Philippe Clément, l'énigme
Son début de saison : Oui, Monaco est 5ème de Ligue 1 à l'heure actuelle. Oui, l'ASM, qui a certes raté la qualification en Ligue des Champions, a remporté l'un de ses deux premiers matchs de Ligue Europa. Et oui, les joueurs du Rocher restent sur trois succès consécutifs. Malgré tout, dans le jeu, le début de saison de l'ASM n'est pas bon, clairement. Les Monégasques ont profité d'un Nice et d'un Lyon malade, puis d'une décision arbitrale extrêmement sévère pour redresser la pente. Mais à la longue est-ce que cela peut durer? Rappelons que l'objectif de Monaco est évidemment de disputer tous les ans la Ligue des Champions. Et dans ces dispositions-là, Ben Yedder et les siens en sont très loin.
Ce que le club en dit : “Mon équipe manquait de fraîcheur. Mais cette victoire est importante et va nous donner de la confiance“. Cette déclaration n'est pas anodine et montre que malgré tout, la confiance n'est pas spécialement de mise du côté de la principauté. Ce succès contre Reims va tout de même permettre de travailler dans la sérénité durant la trêve internationale.
Ses chances d'éviction : 15%. Philippe Clément n'est pas réellement sur la sellette mais pourrait vite le devenir. Si Monaco ne réagit pas, nul doute que les résultats, avec l'enchaînement des matchs, s'en ressentiront. Et cela commence déjà à gronder du coté de Louis II.
Crédit photo: Foot National